L’élevage

Despedida de Scamandre 18/08/2007

SON DERNIER DUO AVEC SABRI ALLOUANI

"Je préfère l’arrêter avant qu’il ne décline" explique le manadier Philippe Boch, la voix enrouée d’émotion. "C’est une page qui se tourne, désormais Scamandre est à la retraite". Vendredi, à Lansargues, le cocardier Bióu d’Or 2003 a défendu ses attributs pour la dernière fois.

Une arène pleine qui se lève pour un taureau, un président de course, Jacques Valentin, qui a du mal à terminer son discours d’hommage retraçant la carrière de l’animal, un Carmen long comme une larme furtive qui s’échappe et descend lentement sur la joue... Scamandre, la tête haute, traverse la piste et rentre une dernière fois au toril sous l’ovation.

Et le public de se rappeler des meilleurs moments qu’il a partagés avec le taureau : ses premières courses en 1993, en école taurine à Vendargues. 1996, 3e aux courses de taù des Saintes-Maries-de-la-Mer. 1997, 2e à la finale des protections. 1998, les premiers trophées. 1999, meilleur taureau de la finale du Trophée de l’Avenir à Châteaurenard. A partir de 2000, Scamandre affirme son caractère de cocardier, coriace, qui sait enfermer l’homme et finir dangereusement aux planches. 2002, première participation à la finale du Trophée des As. Sa plus belle année c’est 2003 où en juillet, il s’impose à la Palme d’Or et en octobre reçoit la consécration suprême, le titre de Bióu d’Or. Mais, blessé au sternum et opéré, il mettra du temps à revenir au plus haut niveau qu’il retrouvera en 2005. 2006, il participe à la finale du Trophée des As confirmant sa réputation de cocardier qu’il faut solliciter dans son terrain en se méfiant de ses terribles conclusions.

Pour son dernier quart-d’heure, l’homme avec qui il a partagé ses plus belles courses, lui a servi avec respect les rasets que le cocardier affectionne. Sabri Allouani, sans tourneur, face à face, l’a capté pour déclencher sa charge et finir avec lui aux planches. Le raseteur a toujours su, face à ce redoutable adversaire défendant rigoureusement son terrain, l’intéresser, le provoquer, plonger dans le berceau des bannes, et dans l’espace restreint qui reste, s’échapper... les redoutables cornes souvent dans son dos. ... Un combat loyal où deux adversaires se combattent durement mais se respectent. Le dernier raset de Sabri, sans crochet, a donné la mesure de la connivence entre l’homme à l’animal. On ne saura jamais ce qu’il se passe dans la tête d’un taureau, mais on jugerait que Scamandre connait et apprécie Sabri. Le long face à face du raseteur en contre piste et de Scamandre, les yeux fixés sur l’homme en blanc, dans le silence frissonnant des gradins muets, restera un moment rare que chacun emportera dans sa mémoire. La fin d’un duo exceptionnel ! "Carmen" !

( Martine ALIAGA )

http://coursecamarguaise.midiblogs.com/archive/2007/08/18/despedida-de-scamandre.html